L’euro célèbre ses 20 ans : entre bilan et projections

L’euro célèbre ses 20 ans : entre bilan et projections

« L’euro est l’expression monétaire de notre destin européen commun », a déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel, à l’occasion des 20 ans de celui-ci.

Ayant été mise en circulation à partir de janvier 2002, la monnaie unique européenne est le produit d’un long processus qui a débuté en avril 1989 avec la publication du « Rapport Delors ». Comme prévu par celui-ci, l’euro fut alors lancé le 1er janvier 1999 dans le cadre de la création de l’Union économique et monétaire, dont les fondements furent jetés par le Traité de Maastricht, adopté en 1992. Au-delà de sa portée symbolique, l’euro a émergé sur la base de considérations économiques, et notamment de la nécessité d’accompagner la libre circulation des travailleurs, des biens et capitaux, qui serait freinée par des coûts de changes trop élevés en cas d’absence de monnaie unique, ainsi que de stimuler la compétitivité des entreprises ou encore de concurrencer le dollar américain.  

 

Alors même que deux décennies se sont écoulées depuis l’arrivée de l’euro dans nos portefeuilles, quel bilan pouvons-nous faire ?

 

Au niveau européen, l’euro s’affirme aujourd’hui comme la monnaie officielle de 19 pays membres de l’Union européenne, formant la zone euro, soit celle d’environ 340 millions de citoyens. A défaut de ne pas faire partie intégrante de la zone euro, certains Etats membres de l’Union européenne comme le Danemark ont par ailleurs décidé de faire de l’euro leur monnaie d’ancrage, c’est à dire de rattacher leur taux de change à la devise de l’euro afin de garantir la stabilité de leur monnaie.

 

Selon une considération plus internationale, l’influence de l’euro s’étend également à de nombreux pays hors zone euro et Union européenne, à l’instar d’Andorre, du Monténégro, du Kosovo et encore d’autres dans lesquels l’euro est devenu la monnaie officielle. La force d’influence de l’euro à l’international est d’autant plus importante qu’il s’impose comme la deuxième monnaie la plus utilisée dans le monde en ce qui concerne les prêts, les réserves des banques centrales nationales, les emprunts, mais également les paiements internationaux.

Néanmoins, bien que l’euro représente une part non-négligeable de l’ensemble des transactions financières internationales (environ 39%), ce dernier s’est progressivement déprécié par rapport au dollar depuis la fin de l’année 2021, ce qui questionne inévitablement sa robustesse et met partiellement à mal l’un de ses objectifs initial qui était de contrecarrer la suprématie du dollar américain. Malgré cela, le bilan de l’euro demeure relativement positif étant donné son « âge », comme le soutient l’économiste Stéphane Villiers : « l’euro reste l’une des plus jeunes monnaies au monde et pourtant c’est une monnaie de référence, qui a montré qu’elle était stable. A cet égard, elle a plutôt bien fait son travail ».

 

Le 20ème anniversaire de la monnaie unique européenne, couplé du constat de sa relative perte de force face au dollar, amène finalement à nous intéresser aux perspectives d’avenir de l’euro.

Inflation, dépréciation et crypto-monnaie, comment l’euro s’adaptera-t-il aux enjeux contemporains ?

 

La pandémie de la Covid-19 a réaffirmé l’objectif de la monnaie européenne : protéger mais aussi aider. Dans ce contexte, la Banque Centrale européenne a par exemple acheté à taux nul les dettes souveraines des Etats membres de la zone euro. Ajoutons que l’Union européenne met en place à ses 27 Etats membres un plan de relance baptisé « Next Generation EU » qui leur permettant aussi de se reconstruire après la pandémie.

En plus de ce plan de sauvetage, l’euro ne se laisse pas faire, il résiste. Face à la spéculation des crypto-monnaies privées, la Commission européenne proposera en 2023 un projet de loi sur l’euro numérique.

 

Mais qu’est-ce la crypto-monnaie ? Il s’agit d’une monnaie virtuelle, transnationale et décentralisée qui permet de s’affranchir d’intermédiaires.  Elle utilise la blockchain, c’est-à-dire une base de données pour répertorier les achats, les transactions, tout est traçable. Ce système est fortement contesté puisqu’il permet de contourner des institutions comme les banques.

 

A quoi sert l’euro numérique ? L’euro numérique en plus d’être un complément aux modes de paiement existant via une application inédite ne dépendrait pas des banques privées. Il serait une monnaie officielle qui permettrait de gérer de l’argent différemment. Intégrer le numérique dans un cadre monétaire n’est pas anodin, il s’agit de résister aux monnaies virtuelles comme celle de Facebook, la Libra. Bruno Le Maire l’indique par exemple lors d’une conférence de 2019 : « nous prendrons (…) avec Olaf Scholz et Roberto Gualtieri (…) un certain nombre d’initiatives pour marquer clairement que la Libra n’est pas la bienvenue en Europe, parce que c’est notre souveraineté qui est en jeu. ».

 

L’euro numérique en plus de questionner les enjeux de souverainetés, nous confronte à d’autres problématiques majeures : Qu’en est-il de la protection des données personnelles des utilisateurs ou encore du lobbying de la blockchain que Jean Philippe Toussaint aborde dans sa fiction littéraire « La clé USB » paru en septembre 2019 aux éditions de minuit. La monnaie numérique, de par son caractère révolutionnaire, englobe les grands enjeux contemporains notamment celui du réchauffement climatique en particulier l’impact environnemental lié au stockage de données qu’émet la blockchain.

 

En attendant ces évolutions majeures, l’euro change matériellement de forme. De fait, pour célébrer les 20 ans de l’euro, le dessin de la pièce de 2 euros sera modifié pour la première fois depuis sa création. Puis entre 2025-2026, les graphismes des billets de l’euro seront modifiés et les citoyens européens pourront participer à l’élaboration de thématiques pour les graphismes.

 

L’euro change et évolue pour pouvoir renforcer l’Union européenne.

Article rédigé par le Centre Europe Direct de la Maison de l’Europe de Paris et publié en partenariat avec Voix d’Europe le 25/05/2022.

Maison de l'Europe de Paris

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