Avec son slogan »Protéger, Renforcer, Prévoir’‘, la Belgique a assumé la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne le 1er janvier 2024, succédant à l’Espagne. La Belgique est confrontée à un programme exigeant, marqué par des conflits géopolitiques pressants en Ukraine et au Moyen-Orient, des réformes majeures, notamment des considérations budgétaires et l’éventuelle admission de nouveaux États membres. Les complexités sont d’autant plus accentuées par les élections locales belges et européennes prévues en juin 2024, risquant de déstabiliser la coalition gouvernementale belge déjà fragile. En ce moment crucial, la Belgique porte la responsabilité de naviguer à travers des paysages diplomatiques complexes et de favoriser la cohésion au sein de l’UE.
Cependant, la ministre des Affaires étrangères belge Hadja Lahbib a souligné que le multilinguisme et le système politique complexe de la Belgique, qui impose de facto la formation de coalitions politiques entre divers partis, ont doté le pays d’une compétence et d’une expérience en matière de compromis et de négociation. La Belgique est convaincue que ces caractéristiques peuvent être mises en avant sur la scène européenne.
Les dates des élections européennes vont compliquer la tâche de la présidence belge. En effet, la Belgique doit faire face à une charge de travail plus lourde avec la dernière session plénière du Parlement européen prévue avant les élections de juin, nécessitant la finalisation de plus de 100 projets législatifs en collaboration avec le Parlement européen d’ici fin avril. La Belgique aura donc 4 mois au lieu de 6 pour finir les travaux législatifs.
En outre, les prochaines élections européennes ont déjà entraîné des remaniements institutionnels à Bruxelles. Six commissaires européens ont quitté ou annoncé leur prochain départ. De manière plus significative, le président actuel du Conseil européen, Charles Michel, a déclaré sa candidature aux élections européennes et quittera ses fonctions en juillet 2024. Cette candidature suscite la controverse, car son départ coïnciderait avec la présidence tournante hongroise du Conseil. En l’absence d’un président officiel du Conseil européen, la présidence reviendrait donc au Premier ministre eurosceptique hongrois Viktor Orban. Conformément aux règles européennes, le dirigeant du pays assurant la présidence doit occuper le poste jusqu’à ce qu’il soit officiellement pourvu.
En plus de gérer la transition avec la Hongrie pour la présidence tournante, la Belgique devra démontrer ses compétences diplomatiques avec ce pays sur plusieurs sujets clés. Un moment décisif se profile lors d’un sommet extraordinaire le 1er février, où la présidence belge devra mener les négociations sur un nouveau budget européen, incluant 50 milliards d’euros d’aide pour l’Ukraine. Cette proposition a rencontré un obstacle majeur en décembre 2023 lorsque la Hongrie a utilisé son droit de veto au sommet de l’UE, bloquant l’allocation de fonds pour cette cause.
Ce même sommet de décembre 2023 a cependant pris la décision historique d’ouvrir les négociations d’adhésion avec l’Ukraine et la Moldavie. Cette décision sera l’une des autres responsabilités clés de la présidence belge qui, d’ici juin 2024, doit présenter une feuille de route visant à guider les discussions sur l’élargissement européen.
La Belgique se trouve à un carrefour crucial, avec des défis majeurs à relever au cours de sa présidence tournante. Les élections imminentes, les remaniements institutionnels, et les négociations délicates avec la Hongrie ajoutent une complexité considérable à un programme déjà lourd. La Belgique devra déployer toutes ses compétences diplomatiques et son expertise en matière de compromis pour renforcer l’unité au sein de l’UE. La manière dont elle gérera ces défis influencera significativement le cours des événements au sein de l’UE au cours des prochains mois.
