Discours de Madame la ministre chargée de l’intégration européenne de la Serbie

Discours de Madame la ministre chargée de l’intégration européenne de la Serbie

 

Monsieur le président, mesdames et messieurs,

 

 

Je tiens tout d’abord à remercier toute l’équipe de la maison de l’Europe de m’accueillir à Paris.

La question qui vous intéresse probablement le plus est l’adoption des sanctions à l’encontre de la Russie. Il est important pour nous, que vous compreniez que nous nous trouvons du bon côté de l’histoire. Nous soutenons l’Ukraine, et nous aidons les Ukrainiens à survivre. Effectivement, nous sommes le seul État des Balkans occidentaux à ne pas avoir introduit de sanctions à la Russie, pour des raisons économiques et politiques, mais nous sommes également les seuls à avoir envoyé de l’aide pour la réparation du système énergétique ukrainien.

 

 

La deuxième question importante concerne le dialogue entre Belgrade et Pristina. Le 27 février dernier, la Serbie a effectivement exprimé sa volonté de discuter de la mise en œuvre du plan franco-allemand ou européen, afin d’établir une normalisation des relations. Le plus important pour nous est que Pristina mette en place une communauté des municipalités serbes. 

Pourquoi insistons-nous autant ? Même si je ne suis pas juriste, mais politologue, je connais bien la locution latine « pacta sunt servanda », qui signifie que Pristina a l’obligation depuis 10 ans de former une communauté de municipalités serbes. Jusqu’à présent, Belgrade a invité les Serbes vivant au Kosovo-Métochie à intégrer les institutions judiciaires, la police, à participer aux élections etc, sans que leurs droits collectifs soient protégés. C’est pourquoi la formation de cette communauté est une condition à la poursuite des négociations.

Ici, à Paris, nous avons pu constater que la communauté internationale a pris très au sérieux cette question, et que la pression est désormais sur Pristina.

 

 

Permettez-moi également de vous présenter les réformes importantes en cours. Les priorités du gouvernement en place depuis 4 mois sont : la diversification énergétique, l’agenda vert, la transition numérique, le développement de l’intelligence artificielle, l’état de droit et la création d’institutions fonctionnelles et démocratiques.

 

 

Toutes nos reformes nous rapprochent de l’adhésion à l’UE. Ainsi, des règlements sont en cours d’adoption, suite à une réforme constitutionnelle visant à renforcer l’indépendance judiciaire. Désormais, les juges et les procureurs ne sont plus élus par l’Assemblée nationale, mais par leurs pairs. La stratégie de lutte contre la corruption est en cours de modification avec un objectif « tolérance zéro », comme la loi sur les médias qui devrait permettre une meilleure protection des journalistes.

 

La Serbie se trouve sur la route des Balkans, c’est pourquoi nous coopérons très sérieusement avec les États membres de l’UE et FRONTEX dans la lutte contre l’immigration illégale, le trafic illicite des migrants et la traite des êtres humains. L’introduction de l’obligation de visa à l’égard d’un certain nombre de pays, qui sont les pays de naissance les plus fréquents des migrants en Europe est aussi une question importante. Depuis novembre dernier, à la demande de l’UE, nous avons introduit des visas pour les citoyens de Tunisie, du Burundi, d’Inde, de Cuba, de Guinée-Bissau et de Bolivie.  Il y a un mois, les visas ont été introduits aux citoyens d’Inde et de Cuba, et d’ores et déjà le nombre de demandeurs d’asile a diminué de 7 fois en Autriche.

 

Ce que je veux dire, c’est que nous suivons très sérieusement l’évolution des politiques européennes, car nous sommes pleinement attachés à l’intégration européenne de la Serbie. D’ailleurs nous n’attendons pas le moment de l’adhésion, qui dépend de vous, les États membres, pour nous aligner. Nous travaillons dur pour forger une Serbie européenne forte. Le fait qui prouve que nous sommes sur la bonne voie est que nous avons réussi à attirer l’année dernière 4,2 milliards d’euros d’investissements étrangers, et cela dans un contexte géopolitique ô combien compliqué. À titre de comparaison, c’est deux fois plus que tous les autres pays des Balkans occidentaux réunis. Vous savez que les investisseurs vont là où leurs placements seront sûrs, là où il y a une volonté claire de rejoindre l’UE. D’autre part, ces investissements emploient aujourd’hui environ 300 000 personnes, ce qui signifie que plus d’un million de personnes vivent des entreprises européennes en Serbie.

 

Enfin, je suis convaincue que l’adhésion de la Serbie passe par Paris et je crois profondément en l’amitié franco-serbe. Plus d’une centaine de rue dans ma ville, portent le nom de vos politiciens, scientifiques, militaires, artistes… Le plus grand monument de reconnaissance à la France se trouve d’ailleurs à Belgrade.

Je vous remercie de votre attention.

 

Discours prononcé à la Maison de l’Europe de Paris le 2 mars 2023 par madame la ministre Tanja Miščević à l’occasion d’un échange sur l’avenir de la Serbie dans l’Union Européenne.

 

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Maison de l'Europe de Paris

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