Ursula von der Leyen : Une vision pour l’Europe renouvelée pour un second mandat

Ursula von der Leyen : Une vision pour l’Europe renouvelée pour un second mandat

 

 

 

Ursula von der Leyen : Une vision pour l’Europe renouvelée pour un second mandat

 

Le 18 juillet 2024, 39 jours après les élections européennes du 9 juin 2024, Ursula von der Leyen a présenté ses orientations au Parlement européen dans un contexte politique profondément transformé, marqué par une montée des conservateurs et des eurosceptiques. Son discours avait pour but de rassembler une majorité au sein d’une assemblée plus fragmentée qu’en 2019, afin de convaincre de son aptitude à conduire un second mandat à la tête de la Commission européenne.

 

Le même jour, la Commission publiait un document intitulé « Europe’s Choice », listant les grandes priorités du futur mandat « VDL II ». À travers son intervention, Ursula von der Leyen a ainsi dévoilé une vision ambitieuse pour les cinq prochaines années, une ambition validée par sa réélection avec 401 voix sur 719 députés européens présents.

 

Dès l’ouverture de son discours, Ursula von der Leyen est revenue sur les événements majeurs de son premier mandat : Brexit, pandémie de Covid-19, plan de relance NextGenerationEU, ainsi que l’invasion russe de l’Ukraine avant de définir sa vision pour les cinq prochaines années. Le discours repose sur une idée énoncée dès le début : « Les choix sont les charnières du destin. Et dans un monde où règne l’adversité, le destin de l’Europe repose sur nos actions futures. Malgré le travail considérable que nous avons accompli et les obstacles importants que nous avons surmontés, l’Europe se trouve à présent devant un choix clair. Un choix qui définira notre travail pour les cinq prochaines années et qui déterminera la place que nous occuperons dans le monde au cours des cinq prochaines décennies. Un choix qui se résume à l’alternative suivante : laisserons-nous les événements et le monde qui nous entoure nous définir ?».

 

Compétitivité renouvelée et Europe de l’investissement

 

L’un des volets marquants du discours est la question de la compétitivité européenne. Ursula von der Leyen a proposé des mesures pour accélérer cette dynamique, tout en annonçant la création d’une « Union européenne de l’épargne et des investissements ». Elle a ainsi souligné la nécessité d’alléger la bureaucratie européenne pour les entreprises tout en introduisant des contrôles plus efficaces pour assurer le respect des règles. Dans son discours, Ursula von der Leyen a plusieurs fois fait référence aux entreprises européennes en insistant sur l’importance des PME en Europe qui constituent « le cœur de notre économie ».

 

Pour mener à bien les transitions attendues, Ursula von der Leyen a évoqué des besoins de davantage d’investissement dans de nombreux domaines, sujet qui devrait être pris en compte par le mandat qui s’ouvre. Elle a ainsi affirmé que « ce mandat doit être celui de l’investissement ». Si son premier mandat était consacré à l’adoption de grandes législations européennes à l’image du Pacte vert, il est temps à présent de mettre en œuvre et d’investir.

 

Anticipant les conclusions du rapport Draghi (publié le 9 septembre 2024), elle a préconisé l’achèvement de l’union des marchés de capitaux, considéré comme une étape clef de la stratégie de compétitivité de l’Union et qui devrait permettre la mobilisation d’un montant plus important de financements privés, en même temps que l’apport de financements publics avec un nouveau fonds pour la compétitivité. Elle met l’accent sur la nécessité pour l’UE de disposer de fonds publics et de penser aux besoins en matière d’investissement en plus des ressources disponible grâce au mécanisme NextGenerationEU.

 

Défense et sécurité européenne

 

Dans ce discours d’Ursula von der Leyen, la sécurité et la défense européennes deviennent désormais un impératif crucial. Elle annonce ainsi qu’« il est temps de construire une véritable Union européenne de la défense ». Elle plaide ainsi pour des investissements accrus dans ce domaine, soutenant que l’Europe devrait être en mesure de protéger son territoire et ses citoyens contre les menaces extérieures.

 

Elle met également en avant la nécessité de renforcer l’agence Frontex et d’aller de l’avant avec l’Union européenne de la défense, afin de garantir la stabilité du continent dans un contexte mondial de plus en plus incertain. Ursula von der Leyen cherche tout de même à rassurer les Etats membres les plus réticent à l’Europe de la défense et attachés à l’OTAN mais affirme le besoin d’assurer la défense européenne en augmentant les dépenses pour des projets communs. Elle propose notamment la création d’un marché unique de la défense.

 

Enfin, nouveauté, elle propose la création d’un poste de commissaire pour la Méditerranée pour concrétiser l’idée d’une approche commune en matière d’asile et de migration avec le voisinage.

 

Elargissement de l’Union

 

Fidèle à son engagement en faveur de l’élargissement de l’Union, Ursula von der Leyen a réaffirmé que « dans le monde d’aujourd’hui, une Union plus vaste sera une Union plus forte. » Le processus d’adhésion des pays comme l’Ukraine, la Moldavie, la Géorgie et les Balkans occidentaux doit, selon elle, se poursuivre, afin d’accroître la voix de l’Europe sur la scène internationale et de consolider la démocratie à travers le continent.

 

Elle a annoncé la création de nouveaux postes de Commissaires, dont un spécifiquement dédié à l’élargissement. Le portefeuille de l’élargissement, auparavant associé à la politique européenne de voisinage, démontrera l’engagement ferme de l’Union dans ce processus, en particulier avec les négociations officielles ouvertes avec l’Ukraine et la Moldavie. En plus de ces deux pays, l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Géorgie, le Monténégro, la Macédoine du Nord, la Serbie et la Turquie sont candidats. L’avancement des négociations dépendra à la fois des avancées constatées dans les pays concernés mais aussi des évolutions politiques et de l’opinion publique dans les États-membres.

 

Agriculture et qualité de vie européenne

 

La présidente a également abordé l’avenir de l’agriculture européenne, en promettant la mise en place d’une stratégie pour une gestion durable de l’eau et un dialogue stratégique sur l’agriculture. Elle a souligné l’importance de maintenir la qualité de vie des citoyens européens en lançant un nouveau plan d’action pour la mise en œuvre du socle des droits sociaux. Elle a notamment exprimé le souhait « que l’Europe soit le meilleur endroit pour grandir, et le meilleur pour vieillir ».

 

Parmi les nouveautés, Ursula von der Leyen a annoncé la création d’un poste de commissaire dédié au logement, confié au Danois Dan Jørgensen, qui sera chargé de traiter les questions d’efficacité énergétique, d’investissement et de construction. Ce poste répond à un besoin croissant de solutions face à la crise du logement en Europe.

 

Prochaines étapes avant l’entrée en fonction officielle de la nouvelle Commission européenne

 

Le premier rôle d’un président de la Commission européenne nouvellement élu est de sélectionner les candidats commissaires sur la base des nominations de chaque pays de l’Union européenne. La Commission comprend un commissaire par pays de l’Union. Des responsabilités sont attribuées à ces commissaires dans différents domaines politiques.

 

Après sa réélection le 18 juillet 2024, Ursula von der Leyen a appelé les Etats membres à proposer deux candidats, un homme et une femme, pour composer le collège de commissaires qui l’accompagnera pour les cinq prochaines années. La présidente de la Commission tenait à présenter un collège paritaire. Après quelques difficultés du côté des 27 Etats, qui n’ont, pour la grande majorité, pas respecté la demande de parité d’Ursula von der Leyen, le collège a été présenté le mardi 17 septembre 2024. Ce nouveau collège, s’il est officiellement nommé devrait ainsi être composé à 40% de femmes et 60% d’hommes. Une fois nommés par Ursula von der Leyen, les commissaires seront auditionnés et soumis à l’approbation du Parlement européen, qui dispose d’un droit de veto. Les auditions devant le Parlement européen se tiendront du 4 au 12 novembre 2024. Enfin, la Commission doit être élue à la majorité simple des suffrages exprimés en plénière, par appel nominal. Le vote est prévu lors de la session du 25 au 28 novembre à Strasbourg.

 

 

En définitive, le discours d’Ursula von der Leyen s’inscrit dans la continuité de son premier mandat, tout en cherchant à rassembler un Parlement aux tendances parfois opposées. Réélue avec une avance plus confortable qu’en 2019, elle a su convaincre en misant sur des sujets phares tels que la sécurité, la prospérité économique et l’élargissement de l’Union. Son programme pour les cinq prochaines années vise à renforcer la résilience de l’Europe, protéger ses valeurs démocratiques, et bâtir une Union plus large et plus prospère, malgré un contexte mondial de profonde incertitude.

Maison de l'Europe de Paris

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