Le Sommet du 6 octobre 2021 à Brdo pri Kranju, organisé par la Présidence Slovène du Conseil de l’Union européenne (UE), aura eu pour principal objet de mettre le focus sur la coopération avec les pays des Balkans, candidats toujours en attente de la relance des élargissements européens.
Mené par Charles Michel, président du Conseil européen, le Sommet UE-Balkans occidentaux réunit les 27 chefs d’États et de gouvernement de l’UE et leurs partenaires dans le but de faire le point sur le processus de candidature en cours.
Ce sommet vient ponctuer un long processus d’adhésion à l’Union européenne, commencé depuis 2005, qui n’aura pour le moment permis qu’à la Croatie de faire son entrée parmi les 27.
> Les Balkans occidentaux, quatre candidats officiels à l’entrée dans l’UE
Ils étaient au nombre de six, dont quatre candidats officiels à l’entrée dans l’UE. La Macédoine du Nord est officiellement candidate depuis décembre 2005, le Monténégro depuis juin 2012, la Serbie depuis mars 2012 et l’Albanie depuis juin 2014. La Bosnie-Herzégovine et le Kosovo ne sont pour leur part pas considérés comme « prêts » à obtenir le statut de candidat pour la Commission européenne.
Pour devenir un candidat officiel, chaque pays doit répondre à une liste de critères appelés les “critères de Copenhague”. Le pays en question doit ainsi justifier :
- d’institutions stables garantissant la démocratie, l’État de droit, les droits de l’homme ainsi que le respect et la protection des minorités ;
- d’une économie de marché viable et la capacité de faire face à la concurrence et aux forces du marché dans l’UE ;
- de la capacité d’assumer et de mettre en œuvre efficacement les obligations découlant de l’adhésion, y compris l’adhésion aux objectifs de l’union politique, économique et monétaire.
Tout nouvel élargissement est également soumis à un accord unanime des pays membres sur l’accueil de nouveaux pays entrants.
Afin de lancer le processus d’adhésion, le pays doit faire acte de candidature auprès des instances européennes. Suite à la nomination comme candidat officiel, le pays concerné entre en négociation pour une période de plusieurs années afin d’assimiler l’acquis communautaire, c’est-à-dire, intégrer dans son droit national l’ensemble de la législation européenne en vigueur. Cette période s’étale généralement sur quelques années mais peut durer plus longtemps suivant le candidat. Les pays des Balkans en sont ainsi à près d’une décennie de négociation en moyenne.
> Entre intérêts stratégiques et élargissement lointain.
Si l’intérêt stratégique de la région semble faire consensus au sein de l’Union, la perspective d’un huitième élargissement paraît encore lointaine. Dans la déclaration de Brdo, l’Union européenne a réaffirmé son “soutien sans équivoque à la perspective européenne des Balkans » et son “engagement en faveur du processus d’élargissement”. Elle rappelle toutefois que cette nouvelle intégration ne peut se faire qu’après la fin des réformes politiques, économiques et sociales, mettant l’accent sur l’importance des valeurs européennes.
De son côté, les pays des Balkans ont réaffirmé leur “attachement aux valeurs et principes européens” et leur volonté de mettre en œuvre “les réformes nécessaires dans l’intérêt de leur population”. Aucune date n’a cependant été officiellement évoquée, les différentes parties se sont tenues à un simple tour d’horizon des avancées dans les différents pays candidats.
> L’UE, un des moteurs du développement dans les Balkans ?
Afin d’aider ces pays à rejoindre l’Union, la Commission européenne a annoncé un plan économique et d’investissement de 30 milliards d’euros sur 7 ans qui devraient aider à l’innovation et à l’adaptation des secteurs visés par le plan de relance européen, à savoir, le transport, la transition énergétique, la santé, la formation et le numérique.
Ce plan doit permettre aux Balkans occidentaux de ne pas se retrouver en retard vis-à-vis des autres pays du continent lors de leur adhésion, notamment dans les domaines environnementaux ou de la transition numérique.
La déclaration commune permet également des consensus sur différentes priorités européennes avec un engagement de coopération sur divers sujets. Concernant la crise sanitaire de Covid19, l’UE qui a déjà fourni quelque 2.9 millions de doses aux Balkans occidentaux devrait continuer ses efforts en ce sens. Sur un plan sécuritaire, il est rappelé les enjeux pour tous les pays de la lutte contre la désinformation et les menaces sur la cybersécurité. La coopération sur l’immigration ou encore la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d’argent constituent les autres points forts des engagements sécuritaires de ce sommet.
Malgré des avancées ces dernières années notamment dans les domaines économiques et de l’Etat de droit, les tensions qui persistent entre les différents candidats, de nature ethniques et/ou culturelles ralentissent les efforts en vue de l’intégration de la construction européenne.
Le prochain temps fort de ce processus devrait être le sommet UE-Balkans de 2022. Il devrait donner lieu à de nouvelles annonces de coopérations dans cette zone du continent européen.
Article rédigé par le Centre Europe Direct de la Maison de l’Europe de Paris et publié en partenariat avec Voix d’Europe le 24/11/2021.