La Slovénie occupe depuis le premier juillet le siège de la présidence du Conseil de l’UE. Après un semestre portugais salué par la classe politique européenne, il lui revient d’accompagner l’Union dans la sortie de crise et la relance économique verte et numérique de l’Europe.
Portée par son slogan « Ensemble, Résiliente, Europe« , la Slovénie a accédé le premier juillet dernier à la tête du Conseil de l’Union européenne (UE). Chargée d’organiser et de présider les réunions de l’institution au second semestre 2021, la présidence slovène ne s’annonce pas de tout repos pour le pays de deux millions d’habitants.
« Notre présidence sera marquée par près de 1600 réunions à Bruxelles et une centaine en Slovénie”, déclarait Son Excellence Madame Metka Ipavic, ambassadrice slovène en France*.
Si l’exercice est de taille et requiert une logistique implacable, la Slovénie n’en est pas à son coup d’essai. En 2008 déjà, le pays avait occupé le siège de la présidence tournante, faisant alors office de modèle de réussite quatre ans après son entrée au sein de l’UE. Alors désignée par les observateurs comme la “petite Suisse des Balkans », autant pour son relief montagneux que pour son rayonnement grandissant, la donne n’est plus la même quelques années plus tard… La faute au tournant politique illibérale pris par son dirigeant, Janez Jansa, déjà premier ministre en 2008 et de retour à la tête du gouvernement slovène depuis quelques mois.
> Un programme consensuel
Malgré l’existence de divisions internes découlant des prises de position clivantes du dirigeant slovène, c’est néanmoins un programme consensuel que la Slovénie a présenté pour ses six mois de présidence. Dans la lignée des priorités établies avec l’Allemagne et le Portugal, ses prédécesseurs avec qui elle forme le trio de présidence, la Slovénie entend poursuivre les efforts réalisés pour sortir l’Europe de la crise et favoriser une relance verte et numérique.
“La crise de la Covid-19 a montré que la résilience ne peut être garantie sans envisager la question de la dépendance de l’union vis-à-vis de certains biens essentiels”, déclarait Son excellence Madame Metka Ipavic.
La première grande priorité slovène vise ainsi à faire croître les capacités de résilience de l’Union, notamment en matière écologique, de cybersécurité et de santé. Sur le plan sanitaire, la Slovénie souhaite notamment encourager la construction d’une Europe plus coordonnée et efficace face aux crises dépassant les capacités de réaction individuelles des Etats-membres. Une telle ambition se matérialiserait par le renforcement des missions du Centre européen de contrôle des maladies (ECDC) et de l’Agence européenne des médicaments (EMA) et par le développement de l’Autorité de préparation et de réaction en cas d’urgence sanitaire (HERA).
Les enjeux liés à la crédibilité de l’Union, notamment vis-à-vis de l’extérieur, devraient aussi être au cœur des débats lors de la présidence slovène. Les dossiers relatifs au renforcement de l’espace Schengen et aux négociations pour un pacte européen d’asile et migration renouvelé devraient aussi se retrouver sur la table des discussions. “Il s’agit d’un cadre clé pour une gestion efficace de la pression migratoire” rappelait Son Excellence Madame Metka Ipavic. Une place toute particulière sera aussi donnée aux Balkans occidentaux, la Slovénie espérant que l’Union s’engage pour une reprise économique et des perspectives favorables dans ces États où l’influence étrangère est grandissante.
La promotion d’un “mode de vie européen” sera également une priorité slovène. A ce sujet, la Slovénie devrait œuvrer en faveur “d’une meilleure compréhension des différents systèmes qui contribuera à renforcer l’Etat de droit en Europe” d’après l’Ambassadrice slovène..
Enfin, le futur de l’Europe et le rayonnement de la Conférence sur l’avenir de l’Europe feront l’objet d’une attention particulière de la part de la Slovénie.
> Une politique intérieure loin de faire l’unanimité
Malgré un programme ne sortant pas des clous, la Slovénie a démarré sa présidence dans un climat de suspicion de la part des Européens. Les prises de position polémiques de son premier ministre, grand ami de Viktor Orban et admirateur de Donald Trump, y sont pour beaucoup. Les tensions ont d’ailleurs culminé le premier juillet dernier. Réaffirmant son désaccord avec Janez Jansa et sa politique, Frans Timmermans, actuel Commissaire européen chargé de l’action pour le climat et anciennement responsable des questions relatives à l’Etat de droit, a refusé d’apparaître sur la photo de groupe lors du lancement cérémoniel de la présidence slovène.
Avec une population largement favorable à l’UE, la Slovénie reste en haut de l’échelle de confiance envers la construction européenne. Reste à savoir si ce soutien populaire se matérialisera dans les choix de son gouvernement lors des six mois de présidence slovène. “Avec la situation politique actuelle, il y a certaines divisions au sein du pays, mais notre programme est bon, j’ai confiance en notre présidence” concluait Mme Metka Ipavic lors de sa présentation des priorités slovènes.
*Propos recueillis lors de la visioconférence “Enjeux et priorités de la présidence slovène” organisée par l’Union des Consuls Honoraires de France (UCHF) en partenariat avec la Maison de l’Europe de Paris, le 7 juillet 2021.
Article rédigé par le Centre d’Information Europe Direct de la Maison de l’Europe de Paris et publié en partenariat avec Voix d’Europe le 14/07/2021. La version PDF disponible ICI.