L’accueil ou le rejet des réfugiés demandeurs d’asile est en train de tracer une coupure entre les Européens.
D’un côté, bien seule, Angela Merkel, avec calme et conviction réaffirme le caractère sacré du droit d’asile. Certes, avec réalisme, elle reconnait que les questions matérielles seront nombreuses et très difficiles à résoudre. Mais elle assume, arguant du fait que l’Allemagne, parce qu’elle est riche et fière de son sens de l’organisation, a plus que d’autres pays, non seulement la capacité de faire face à ce flux de migrants, mais a le devoir d’être solidaire. La chancelière est en train de sauver l’honneur. L’honneur de qui ? On aimerait pouvoir dire l’honneur de l’Europe.
Malheureusement, l’attitude la plus répandue est bien différente. Ce qui est affirmé en premier par la plupart des responsables politiques, ce n’est pas le caractère sacré du droit d’asile, c’est la « nécessaire prudence » par peur de mécontenter les opinions publiques hostiles ou présumées hostiles à l’ouverture. Et l’on voit des dirigeants brandir sans complexe leur volonté de fermeture. C’est à qui sera le plus ferme dans cette volonté de fermeture.
Il est difficile de tirer orgueil de cette situation. On est en train de prendre un chemin qui est à l’opposé de l’idéal humaniste européen.
Evidemment, il ne s’agit pas de faire n’importe quoi, n’importe comment. Il s’agit de rappeler que nous avons des principes qui sont aussi des objectifs, et que l’on doit tout faire pour atteindre ces objectifs. Il y aura certainement des bavures, des insuffisances inévitables et des mécontentements. Mais – au moins – on aura fait tous les efforts possibles.
C’est cela sauver l’honneur.
Catherine Lalumière