Après les élections des parlementaires européens, le mécanisme pour choisir les titulaires des postes de dirigeants politiques est extrêmement complexe. En effet, il faut tenir compte des rapports de force entre les groupes politiques au sein du nouveau Parlement, mais sans oublier les rapports de force au sein des Parlements nationaux des 28 Etats membres. Il faut prendre en considération les susceptibilités de tous les pays : « les grands » qui veulent imposer leur choix parce qu’ils sont « grands », et les « petits » parce qu’ils ont le « le droit d’être respectés ». Il faut tenir compte des personnalités elles-mêmes, de leur ancienneté, de leur charisme, de leur autorité, mais aussi de leurs bonnes ou piètres performances. C’est vrai pour les candidats, mais aussi pour les chefs d’Etat ou de gouvernement qui font les choix et qui sont plus ou moins à même d’imposer leur choix.
Cette complexité n’a pas que des défauts. Elle est le prix à payer pour respecter la démocratie. Mardi 2 juillet le Conseil européen a donc choisi quatre titulaires de poste. Ce n’est pas encore la dernière étape. Le Parlement européen peut encore voter contre. Mais, à ce stade on peut déjà formuler plusieurs appréciations.
Un très bon point : sur les 4 postes à pourvoir : deux femmes et deux hommes ont été proposés par le Conseil européen. La parité est respectée. Enfin ! C’est un progrès.
Deuxième remarque : ces deux femmes sont très expérimentées. Ursula Von der Leyen choisie pour présider la Commission, est une importante responsable de la CDU, plusieurs fois ministre et actuellement ministre de la Défense en Allemagne. Le poste de président de la Banque Centrale européenne revient à la française, Christine Lagarde, ancienne ministre de l’économie, depuis huit ans à la tête du FMI, et très habituée aux relations internationales au plus haut niveau.
Evidement, on ne peut pas savoir à l’avance si ces deux femmes réussiront dans leurs nouvelles fonctions. Mais, a priori, elles ont l’une et l’autre, ce que l’on peut appeler « un excellent profil ».
Reste évidemment la question fondamentale des orientations politiques. La gauche européenne n’est guère satisfaite. Certes, mercredi 3 juillet, le Parlement a finalement voté pour David Sassoli, candidat du groupe socialiste à la Présidence, et c’est Joseph Borrel, socialiste espagnol, qui devrait occuper le poste de Haut représentant de l’Union européenne. Mais le Président de la Commission à laquelle les socialistes présentaient Frans Timmermans, un grand défenseur des valeurs humanistes, leur échappe.
Il faut reconnaitre que les résultats électoraux de la gauche étaient globalement décevants pour elle. Il n’est pas étonnant que cela se reflète sur le choix des principaux dirigeants.
En définitive, après un mois de discussions et d’apparente confusion, les nominations proposées pour diriger l’Union européenne donnent, globalement, une bonne impression, et les femmes occupent leur juste place.
J’ajoute que, dans le même temps, le Conseil de l’Europe a choisi son nouveau Secrétaire général pour les 5 années qui viennent. Je suis personnellement très sensible à cette question, ayant moi-même occupé cette fonction, il y a de nombreuses années. Depuis lors aucune femme n’avait été élue. Cette année – enfin – le comité des ministres et l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, ont choisi une femme très brillante et expérimentée. Elle s’appelle Marija Pejčinović Burić. Elle est croate. Elle a été plusieurs fois ministre et vice-première ministre. Sa tâche ne va pas être facile à la tête d’une organisation qui regroupe aujourd’hui 47 pays. Du fond du cœur, je lui souhaite la meilleure des réussites.
Catherine Lalumière