Dans son discours devant le Parlement européen le 16 septembre dernier, Ursula Von Der Leyen, Présidente de la Commission européenne, souhaite insuffler une nouvelle dynamique européenne permettant de rebondir suite à la crise de la covid-19.
« Réparer les dommages et préparer l’avenir pour la prochaine génération » : tel est le défi fixé par Ursula Von Der Leyen durant son premier discours sur l’état de l’Union européenne (UE). Pour ce faire, elle place au cœur de sa stratégie les domaines de la santé, du développement durable et du numérique, sensés favoriser la stabilité économique. Attachée aux « valeurs fondatrices » de l’UE, elle met également en lumière l’importance des droits de l’Homme.
> L’ambition d’une « Union européenne de la santé » plus forte
En premier lieu, la Présidente de la Commission européenne a tenu à honorer la « force » dont ont fait preuve l’ensemble des citoyens européens lors des six derniers mois. Certaines actions spécifiques ont été saluées, telles que la coopération entre des médecins roumains et italiens, ou le partage de masques chirurgicaux par la Lettonie à ses voisins. Malgré tout, ces efforts ne suffiront pas si une crise similaire se présente à nouveau dans un avenir plus ou moins proche. La mise en place d’une « Union européenne de la santé plus forte » sera nécessaire pour faire face à une telle situation, ajoute-t-elle. Von der Leyen mentionne alors le renforcement du programme « EU4Health », ainsi que l’organisation d’un Sommet mondial pour la santé l’an prochain en Italie. L’Agence européenne du médicament et le Centre de prévention et de contrôle des maladies devraient aussi voir leurs compétences renforcées.
La future Conférence sur l’Avenir de l’Europe, grande consultation citoyenne, permettra pour sa part d’examiner la question des compétences de l’UE en matière de santé.
En dernier lieu, la création d’une agence de recherche et de développement biomédical devrait combler les besoins liés aux stocks de produits pharmaceutiques. En somme, l’Union européenne souhaite pouvoir « continuer à protéger les vies », notamment en garantissant l’accès aux vaccins pour ses citoyens et ceux du monde entier.
> Faire de la transformation verte et numérique un atout pour l’économie
C’est un constat d’alerte dressé par la Présidente de la Commission européenne : « notre consommation actuelle de matières premières, d’énergie, d’eau et de denrées alimentaires ainsi que notre utilisation des sols ne sont pas durables. » De ce fait, Ursula von der Leyen a affirmé la volonté d’accroître l’objectif européen de réduction de CO2 pour 2030, initialement de 40%, à 55%. L’ambition est, d’ici 2050, de faire de l’Europe le premier continent climatiquement neutre, afin de respecter l’Accord de Paris et de limiter le réchauffement climatique à +1,5°C. Les mesures portant sur la rénovation des bâtiments, le développement de vallées européennes de l’hydrogène (induisant la modernisation des industries, l’alimentation en énergie et la revitalisation des zones rurales), et la mise en place de mesures « d’ajustement carbone aux frontières », ont principalement été évoquées.
Concernant la transformation digitale, le bouleversement de nos pratiques quotidiennes induites par la crise sanitaire conduit Ursula von der Leyen à plaider pour la « souveraineté numérique de l’Europe ». Cela passe par trois priorités : la création d’une « identité européenne sécurisée » utilisable au quotidien, l’accès au haut débit pour les 40% d’habitants vivant en zones rurales qui n’en bénéficient pas, ainsi que l’investissement dans la recherche portant sur la nouvelle génération d’ordinateurs et la gestion des données industrielles. Ces dernières constituent en effet un « puissant moteur d’innovation et de création d’emplois. »
Lors du premier semestre de l’année 2021, la stratégie industrielle de l’UE sera ainsi actualisée afin de s’adapter à cette transformation verte et numérique. 20% du budget de « Next Generation EU » sera dédié au digital, et 37% aux objectifs du Pacte vert pour l’Europe, annonce l’ancienne Ministre d’Angela Merkel. « Ce qui est bon pour le climat est bon pour l’économie et bon pour nous tous », explique-t-elle.
> Droits de l’Homme : « Les zones sans LGBTQI sont des zones sans humanité »
En faisant écho aux récents événements survenus en Biélorussie, à Hong Kong, en Russie ou en Chine, Ursula von der Leyen a tenu à afficher son soutien en faveur de l’instauration d’un vote à majorité qualifiée au sein des institutions européennes lorsqu’il s’agit de mettre en œuvre des sanctions à l’encontre d’Etats ne respectant pas les droits de l’Homme.
Au sein de l’UE, la Commission proposera une stratégie visant à renforcer les droits des personnes LGBTQI, leur permettant d’accéder au droit de parentalité dans tous les pays européens. Elle désignera aussi dans les prochaines semaines le premier coordinateur en matière de lutte contre le racisme, et présentera un plan d’actions pour lutter contre les discriminations et améliorer l’éducation sur ce sujet. Enfin, un pacte pour les migrations et le droit d’asile doit être présenté, mettant l’accent sur le fait que « l’ensemble » de l’Europe doit prendre part à cet enjeu qui divise régulièrement ses Etats membres.
En clair, Ursula von der Leyen mise sur de profondes restructurations au sein de l’Union européenne, en renforçant le système de santé, restructurant l’économie autour de la transition verte et numérique, tout en affirmant l’importance des droits de l’Homme et des valeurs européennes. L’anticipation des prochaines problématiques pourrait permettre de mieux combattre les futures crises, et garantir ainsi un avenir plus durable pour les prochaines générations.
Article rédigé par le Centre d’Information Europe Direct de la Maison de l’Europe de Paris et publié en partenariat avec Voix d’Europe le 29/09/2020.