Pas à pas
Dans la tourmente qui nous entoure avec le Coronavirus, on s’inquiète : l’Europe sera-t-elle à la hauteur ou va-t-elle sombrer dans les divisions et les égoïsmes nationaux, dans la crise économique et financière à la suite de la crise sanitaire ?
Certes les obstacles à franchir sont nombreux, la tentation du repli sur soi existe, mais finalement on avance …pas à pas, et la solidarité sans laquelle il ne peut y avoir d’Union semble se manifester une fois encore : l’Allemagne et la France par les voix d’Angela Merkel et d’Emmanuel Macron ont franchi une nouvelle étape en acceptant le principe d’un plan de relance sous la forme d’un important emprunt communautaire de 500 milliards d’euros.
Et cet emprunt présente des caractéristiques nouvelles et très intéressantes. Il doit être souscrit par la Commission elle-même et non par les Etats. Il doit être versé dans le budget communautaire et est destiné à aider les pays ou les secteurs qui en ont le plus besoin. Et les bénéficiaires ne seront pas automatiquement tenus de rembourser eux-mêmes les sommes empruntées. Pour la première fois, il s’agit de mutualiser les dettes. C’est l’Union elle-même qui sera débiteur.
Jusqu’à présent les allemands avaient toujours refusé de tendre ainsi la main aux « cigales », qui, à leurs yeux, étaient responsables de la mauvaise gestion et ne méritaient pas d’être aidées trop généreusement. La position courageuse de la Chancelière est un très beau geste en faveur de l’Europe.
Certes, il faut encore l’accord des autres pays membres réticents face à cette « communautarisation » des dettes. Mais l’accord de l’Allemagne était le préalable indispensable.
Parallèlement les positions de la Banque Centrale Européenne exprimées par la Présidente Christine Lagarde vont dans un sens identique même si les formules proposées par la BCE sont différentes. Et il en est de même des orientations politiques de la Présidente de la Commission Ursula von der Leyen qui va avoir la lourde tâche de convaincre les récalcitrants. Trois femmes aux commandes …. C’est évidemment une coïncidence, mais c’est peut-être aussi un signe intéressant…
Les choses bougent dans le bon sens : un beau geste de solidarité, un bel exemple du sens de leurs responsabilités de la part des deux pays les plus importants de l’Union, l’Allemagne et la France, et un progrès pour faire de l’Union une véritable entité politique capable d’assumer des responsabilités parmi les grandes puissances du monde. Pas à pas l’Europe avance.
Catherine Lalumière
Présidente de la Maison de l’Europe de Paris