Limitée par ses compétences peu étendues en matière de santé publique et fragilisée par les réflexes nationalistes de ses Etats-membres, l’Union fait face à ses propres vulnérabilités dans sa quête de réponses face à la pandémie de nouveau coronavirus.
La pandémie de Covid-19 qui ébranle l’Europe s’inscrira sans doute dans l’histoire comme l’une des plus grandes crises connues par le continent depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Si certains Etats-membres sont plus durement touchés que d’autres, aucun n’a été épargné par la propagation effrénée du virus.
> Début de fièvre sur le continent
Alors que le scénario catastrophe n’était encore qu’une hypothèse en Europe, l’Union mobilisait déjà ses premières ressources face au virus : activation du mécanisme de réaction européenne en cas de crise, soutien financier dans la recherche d’un vaccin ou encore participation au rapatriement des citoyens européens coincés à l’étranger.
La propagation fulgurante du virus a d’ailleurs rapidement rendu vitale une telle solidarité européenne. Mais elle a aussi fait resurgir de vieux réflexes de repli national, entachant le début de gestion de la crise à l’échelle européenne de quelques cafouillages.
> Le réveil européen
Le réveil européen n’a pourtant pas tardé. Alors même que les questions de santé publique restent l’affaire des Etats membres et que l’Union ne dispose que de compétences limitées en la matière, elle s’est appliquée à soutenir et appuyer les gouvernements européens pour une action plus coordonnée et unifiée, seule réponse efficace face à la crise.
A l’échelle de l’Union, ce sont actuellement près de 268 millions d’euros qui ont été mobilisés pour la recherche et 947 milliards pour le soutien de l’économie. La Commission a également mis en place plusieurs mécanismes afin de soulager les États-membres et de renforcer leur réponse commune. Sur le plan sanitaire, on retient notamment la création de la première réserve européenne commune de matériel médical (RescEU). Sur le plan économique, elle a présenté le 2 avril son initiative “SURE”, un mécanisme de chômage partiel européen destiné à préserver des millions d’emplois à travers l’Europe. Le Parlement européen joue aussi son rôle au sein de cette crise. Malgré les circonstances particulières, il s’est réuni lors d’une session plénière extraordinaire afin d’approuver l ’ « initiative d’investissement en réaction au coronavirus » de la Commission.
> D’une solidarité de fait à une solidarité budgétaire ?
Si les réponses à la crise sanitaire de l’Union restent encore peu médiatisées, la solidarité transfrontalière connaît quant à elle une belle mise en lumière. Les images nombreuses de patients issus des régions Grand-est en France et de Lombardie en Italie, accueillis dans les hôpitaux allemands et luxembourgeois moins engorgés, sont devenues le symbole d’une Europe solidaire, à l’image des valeurs qu’elle souhaite véhiculer.
Pourtant, il faudra à l’Union plus que cette solidarité de faits pour surmonter la crise économique qui s’annonce après la crise sanitaire. Là encore, le début de réponse européenne a été chaotique. Une nouvelle fois, l’Union s’est trouvée freinée par ses insuffisances dans sa quête d’une réponse européenne forte, la seule viable face à une crise économique qui pourrait balayer sans distinction l’ensemble des Etats-membres. L’Union a certes pris quelques mesures afin de soulager les obligations des Etats-membres face à la récession. Mais avec un budget propre équivalant à seulement 1% de la richesse des vingt-sept, elle doit s’en remettre aux gouvernements européens, espérant que ceux-ci trouvent un terrain d’entente pour une réponse unifiée et ainsi à la hauteur des enjeux économiques à venir. Après l’échec du Conseil européen du 26 mars dernier, c’est le souffle court que les citoyens restent dans l’attente des résultats des négociations en cours.
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Article rédigé par le Centre d’information Europe Direct de la Maison de l’Europe de Paris et publié le 8 avril 2020.
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