Pour la première fois en quatre ans, les dirigeants chinois et ceux de l’UE se sont rencontrés à Pékin, du 7 au 8 décembre 2023. Ce sommet UE-Chine a mis en lumière les dynamiques complexes et les défis inhérents à la relation entre ces deux puissances économiques majeures. Les relations entre l’UE et la Chine ne se trouvent pas à leur apogée, en témoignent les récentes mesures anti-coercition adoptées par le Parlement européen. Ces mesures visent principalement à bloquer toute nouvelle tentative de « militariser » le commerce contre l’un de ses États membres, comme la Chine l’a fait contre la Lituanie en 2021. De plus, l’annonce récente de la Commission européenne d’une enquête sur les subventions chinoises aux véhicules électriques ajoute une nouvelle dimension aux tensions existantes.
Le sommet, réunissant le chef du Conseil européen Charles Michel, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le leader chinois Xi Jinping, a abordé une multitude de questions allant des déséquilibres commerciaux aux préoccupations liées à la guerre en cours en Ukraine. Un point central de ce sommet a été l’avertissement clair émis par l’UE à l’égard de la Chine, mettant en lumière des entreprises suspectées de fournir à la Russie des biens à double usage, potentiellement en violation des sanctions imposées par l’UE. Charles Michel a souligné l’importance cruciale de traiter ces préoccupations, laissant entendre que des sanctions pourraient être envisagées contre ces entités si des garanties adéquates n’étaient pas obtenues de Pékin. Cette démarche de l’UE témoigne de son engagement à restreindre les fuites de biens à double usage pouvant contribuer au conflit en Ukraine.
Le sommet a également abordé les déséquilibres dans la relation commerciale entre l’UE et la Chine. L’UE, exprimant son insatisfaction face au déficit commercial avec la Chine qui est de 400 milliards d’euros, a souligné la nécessité d’un commerce plus réciproque et équilibré. Ursula von der Leyen a insisté sur l’attente de l’UE de mesures concrètes de la part de la Chine pour améliorer l’accès au marché des entreprises européennes et traiter les causes profondes des déséquilibres commerciaux, telles que le traitement préférentiel accordé aux entreprises chinoises.
D’un autre côté, la Chine a défendu son projet de nouvelles routes de la soie (BRI), malgré le retrait récent de l’Italie. La BRI vise à construire un réseau mondial de projets d’infrastructure financés par la Chine, et bien que la Chine soit fière de cette initiative, le départ de l’Italie soulève des questions quant à son efficacité.
Les discussions sur la guerre en Ukraine ont mis en évidence l’appel de l’UE à la Chine pour utiliser son influence sur la Russie afin de mettre fin au conflit. Ursula von der Leyen a souligné la position de l’UE contre la guerre menée par la Russie et a exhorté la Chine à s’engager dans les propositions de paix de l’Ukraine. Cependant, la Chine a maintenu une position neutre, appelant à un cessez-le-feu immédiat et à des pourparlers diplomatiques entre les dirigeants occidentaux et le président russe Vladimir Poutine.
Au milieu de ces tensions géopolitiques, le sommet a également abordé les questions d’exportation de technologie, de subventions et de coopération économique plus large. La Chine a souligné sa volonté d’être un partenaire économique et commercial clé pour l’UE, s’opposant aux tentatives perçues de politiser les questions économiques et commerciales.
En conclusion, le sommet UE-Chine reflète l’équilibre complexe que les deux parties doivent naviguer dans leur relation multifacette. Des déséquilibres commerciaux aux tensions géopolitiques, le sommet a mis en lumière les défis et les opportunités à venir. Alors que l’UE cherche plus de réciprocité dans le commerce et aborde les préoccupations liées à la guerre en Ukraine, les dynamiques entre ces acteurs mondiaux continuent d’évoluer, façonnant l’avenir de leurs liens économiques et diplomatiques.