Les élections de 2024 aux États-Unis : enjeux pour l’Europe

Les élections de 2024 aux États-Unis : enjeux pour l’Europe

 

En 2024, près de la moitié de la planète, soit quelque 4 milliards de personnes réparties dans 76 pays, se rendra aux urnes. Parmi toutes ces élections, aucune n’est potentiellement plus importante que celles qui auront lieu aux États-Unis.  Si le pays est actuellement dans la phase des primaires, il est presque certain que Joe Biden et Donald Trump seront nommés candidats suite aux conventions de leurs partis, qui auront lieu cet été, avant de s’affronter dans un face-à-face début novembre 2024. À Bruxelles, l’attention portée à ce scrutin est particulièrement aiguisée, car un retour de Trump et ses tendances unilatéralistes et transactionnelles pourraient considérablement altérer les relations transatlantiques. Ces dernières années, sous l’administration Joe Biden, les relations entre Washington et Bruxelles ont été caractérisées par un haut niveau de réciprocité.

 

En effet, pendant son premier mandat, Joe Biden a privilégié une approche collaborative avec Bruxelles, favorisant la consultation, la coopération et la confiance. De la coordination des sanctions contre la Russie à l’engagement dans des dialogues de haut niveau sur les questions commerciales, Biden a démontré un soutien évident envers la solidarité transatlantique. Cela contraste fortement avec le mandat de Donald Trump, marqué par des prises de décision unilatérales et un scepticisme à l’égard des institutions internationales, ce qui a refroidi les relations entre l’UE et les États-Unis.

 

  • Relations Etats Unis -UE : dialogue versus confrontation

 

Un exemple emblématique de cette divergence entre les deux candidats a été l’initiation par Trump d’une guerre commerciale avec l’UE, marquée par l’imposition des tarifs sur les importations d’acier et d’aluminium en mars 2018. Ces tarifs, justifiés comme nécessaires pour la sécurité nationale, ont entraîné une riposte rapide de l’UE, perturbant le commerce transatlantique et les relations diplomatiques.

Les différends commerciaux et les approches divergentes sur la régulation de l’industrie numérique demeurent d’actualité entre les partenaires. Cependant, l’administration Biden a opté pour le dialogue plutôt que la confrontation, comme en témoigne la création du Conseil du commerce et de la technologie entre les États-Unis et l’UE (TTC). Bien que certains experts critiquent son manque d’ambition, le TTC mérite d’être salué en tant que forum où les deux parties peuvent discuter de leurs divergences et tenter de coordonner voire de collaborer sur des questions importantes, telles que la régulation de l’intelligence artificielle ou le renforcement de la résilience des chaînes d’approvisionnement.

 

Ces dernières années, Joe Biden a démontré sa foi dans la valeur des alliés et des alliances, ce qui a été particulièrement visible dans le soutien américain à l’Ukraine. En revanche, les perspectives isolationnistes d’une présidence Trump sont source de préoccupation pour les partenaires européens. Les récents propos de Trump, encourageant la Russie à agir librement contre les alliés de l’OTAN qui ne respectent pas leurs engagements financiers en matière de défense, ou envisageant d’imposer un tarif de 10 % sur toutes les importations américaines, mettent en évidence le potentiel d’un démantèlement du système de sécurité européen actuel ainsi que de l’économie mondiale.

 

  • Trump-proof

 

La crainte d’un retour de Trump incite les responsables de l’UE à envisager des stratégies pour Trump-proof le continent (immuniser l’Europe contre Trump), notamment en matière de défense. Les récentes discussions en France sur les aspects européens de sa dissuasion nucléaire et les appels à la création d’un commissaire européen exclusivement dédié aux questions de défense soulignent l’urgence de garantir que les pays de l’UE puissent soutenir efficacement l’Ukraine et défendre leurs intérêts sans dépendre exclusivement des États-Unis.

 

Cependant, malgré des différences idéologiques marquées, les administrations Trump et Biden ont toutes deux favorisé les industries nationales dans leurs politiques industrielles. L’approche « America first » de Trump est axée sur les tarifs douanier. À l’image des lois IRA et CHIPS, Biden, quant à lui, a choisi une stratégie plus ciblée, mettant en œuvre des subventions et des crédits d’impôt dans des secteurs clés tels que la technologie verte et la fabrication de puces.

Étant donné le caractère déjà protectionniste de l’Amérique, l’Europe doit se préparer à faire face à cette tendance, quel que soit le résultat des élections de 2024. Elle devra donc continuer à renforcer son autonomie tout en maintenant des relations solides avec les États-Unis pour faire face aux défis transnationaux.

 

Maison de l'Europe de Paris

Maison de l'Europe de Paris

D'autres ressources qui pourrait vous intéresser.

Souscrire à notre newsletter