En 2020, Galway et Rijeka sont les deux capitales européennes de la culture. Destiné à valoriser la diversité culturelle en Europe, le programme des « capitales européennes de la culture » a pour but de promouvoir un héritage et un patrimoine européen commun à travers l’organisation d’événements culturels de premier plan dans les villes désignées. Cette année, la crise sanitaire liée au coronavirus est malheureusement venue bouleverser une grande partie de la programmation.
Fruit de l’initiative de la ministre grecque de la Culture, Melina Mercouri, et de son homologue français Jack Lang, le programme des « capitales européennes de la culture » vise à mettre en lumière les richesses et la diversité des cultures en Europe, les liens entre elles et ainsi ajouter une dimension culturelle à une Union européenne encore essentiellement économique à l’époque. Favoriser le développement des villes par le développement de la culture est un atout essentiel de ce programme grâce auquel des pôles urbains, pendant un an, incarnent un héritage européen commun.
> La culture pour rapprocher les peuples européens
Initialement, le programme s’était adressé aux capitales européennes et aux villes culturellement reconnues comme Athènes ou Florence, avant de se démocratiser dans les années 2000. A l’issue d’une sélection par un jury indépendant, six ans avant la date capitale, la ville retenue doit avoir prouvé sa dimension européenne et soumis un programme de manifestations. Le mode de choix des capitales se fait chronologiquement par État, afin que chacun d’entre eux dispose d’une capitale de manière régulière.
La valorisation de la culture au cœur des villes répond à deux impératifs complémentaires et caractéristiques de l’Europe. Il s’agit d’associer la mobilité spatiale des Européens à des lieux fixes, creusets de cultures singulières. Depuis 35 ans, parmi les dizaines de villes candidates, 62 ont bénéficié de ce prestigieux label en proposant un programme riche aux retombées avantageuses.
> En 2020, deux ports pour capitales culturelles
En 1985, quatre ans après l’adhésion de la Grèce à l’Union européenne, Athènes devenait la première « capitale européenne de la culture » (CEC). Comme un clin d’œil de l’histoire, la cité grecque posait la première pierre d’un projet destiné à magnifier les joyaux de la civilisation européenne.
En 2020, deux villes portuaires ont été désignées : deux points d’ancrage propices aux échanges. Depuis le 1er février 2020 jusqu’au 31 janvier 2021, Galway, l’ancienne cité du Connacht, érige son art, ses paysages et ses histoires ancestrales en édifice symbolique de la culture irlandaise. De la « fête du feu » héritée de la fête celtique Imbolc annonçant la fin de l’hiver, à la fête de l’huître en septembre, les couleurs vives des humbles mais coquettes maisons de Galway se répandent aux quatre coins de l’Europe.
Rijeka, sur la baie de Kvarner, au bord de la mer Adriatique, est l’autre capitale européenne de la culture. A la croisée d’influences de la Méditerranée, de l’Europe centrale et de l’Europe de l’Est, Rijeka est une ville de brassage des nationalités, des cultures italienne, serbe, yougoslave ou croate, des langues, des religions et se présente aux Européens comme « port de la diversité ».
> Une Europe créative, un enjeu contemporain
Les « capitales européennes » ont pour vocation de donner un nouveau souffle à la ville, à l’instar d’autres événements internationaux comme les Jeux Olympiques. En 2013, Marseille a connu des transformations majeures encore bien visibles, comme le Musée des civilisations européennes et méditerranéennes et un port rénové. Cette année, Rijeka reçoit l’équivalent de 18,80 millions d’euros de subventions de l’Union européenne. Le port croate voit ainsi émerger un musée de la ville, une bibliothèque municipale, trois bâtiments culturels et une maison des enfants, dédiée au développement de la créativité des plus jeunes. Par la promotion de villes, le programme CEC suscite une émotion et une identification à un espace partagé.
Le programme CEC favorise le dynamisme culturel local et européen et l’émergence d’un réseau européen de la culture. Les anciennes capitales européennes de la culture comme Lille, Kosice ou encore Sibiu ont profité de l’élan culturel et économique suscité par ce précieux label. Les gouvernements ont lancé des financements pérennes et une politique culturelle intensifiée malgré un résultat contrasté pour les villes comme Istanbul qui n’ont pas su intégrer le projet à leur stratégie socio-économique. Le projet CEC, face à son succès croissant, doit s’adapter à une Europe élargie, faisant de la culture un pan de la construction européenne.
Malheureusement cette année n’aura pas été la meilleure pour les deux capitales européennes de la culture, Galway et Rijeka. Une grande partie des programmes culturels ambitieux, fruit d’un travail de longue haleine en Irlande comme en Croatie, ont dû être annulé suite aux différentes mesures prises pour lutter contre le coronavirus…
Article rédigé par le Centre d’Information Europe Direct de la Maison de l’Europe de Paris et publié en partenariat avec Voix d’Europe le 01/07/2020.
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