« Le coronavirus et l’Europe »
Il est évidemment trop tôt pour faire un bilan qui aura obligatoirement de multiples facettes. Juste, quelques remarques :
-d’abord un rappel : juridiquement l’UE n’a pas de compétence dans le domaine sanitaire. Selon les Traités, seuls les Etats sont compétents. Cela n’empêche pas que l’on puisse regretter que la coordination de tous les Etats membres ait été et soit encore insuffisante. Certes, il y a eu des gestes de solidarité des uns envers les autres. Mais on pourrait certainement faire mieux. Il faudra revoir tout cela.
– deuxième remarque, dans tous les Etats membres (évidemment, de façon inégale selon les Etats) on constate un sous-équipement des services sanitaires (insuffisance du nombre de personnels soignants, insuffisance des services de réanimations, insuffisance des stocks de masques protecteurs, insuffisance du nombre de tests disponibles…). Pendant des années, on a rogné sur les crédits consacrés à la santé et, tout à coup, on prend conscience de l’imprudence qui a été commise, y compris par des pays parmi les plus riches et les plus avancés du monde : les pays de l’Europe.
– enfin, troisième remarque, cette catastrophe sanitaire a et aura d’immenses conséquences économiques et, là, on retrouve le domaine des compétences de l’Union européenne. En 2020, on ne parle plus de taux de croissance pour nos pays mais de taux de décroissance et l’on ne sait pas encore jusqu’où ira ce recul. Dans les premières semaines de la pandémie, la Commission et le Conseil européen avaient semblé tétanisé. On peut les comprendre. Mais, heureusement, ils ont commencé à réagir et à prendre de bonnes décisions. Et, pour ce faire, ils ont commencé à mettre de côté les règles d’orthodoxie financière qui étaient la « DOXA » depuis de nombreuses années. Et l’on voit réapparaître des idées qui étaient repoussées depuis longtemps : l’utilisation d’un mécanisme européen de stabilité, mutualisation des emprunts dans la zone euro, émissions d’eurobonds pour aider les Etats en difficulté etc.
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Jusqu’où vont aller ces changements, ces innovations ? Ira-t-on jusqu’à modifier le socle fondamental sur lequel fonctionnent nos sociétés modernes y compris en Europe, à savoir le culte de la rentabilité économique et financière en négligeant le bien être des peuples ?
Tout cela est encore très flou, mais peut-être, sommes-nous au début d’un processus de profondes remises en cause qui pourraient aller très loin…
Le 26 mars 2020