Alors que la Hongrie vient de clôturer son mandat à la tête du Conseil de l’Union européenne le 31 décembre 2024, c’est à la Pologne de lui succéder, et ce, dès le 1er janvier et jusqu’ au 30 juin 2025. La Pologne devient, de ce fait, et pour la seconde fois depuis 2011, la tête pensante du Conseil de l’Union européenne.
Dans un contexte où les relations géopolitiques et gouvernementales semblent parfois fragiles, il est légitime de se demander si la présidence polonaise pourra répondre aux défis multiscalaires qui se posent à l’Europe.
La Pologne : un pays ancré dans l’Union européenne
Avant d’aborder le principe même de la présidence du Conseil de l’Union européenne, il est important de remettre en contexte l’identité du pays mandataire de 2025.
Envahi par l’Allemagne le 1er septembre 1939, le pays est plongé de plein fouet dans l’un des conflits le plus meurtrier du XXe siècle : la Seconde Guerre Mondiale qui engendra l’extermination de 60 millions de personnes (majoritairement juives).
En 1999 il adhère à l’OTAN, symbolisant ainsi l’espoir d’une première ouverture géopolitique et diplomatique entre le pays et la Communauté européenne. Pour assurer sa place dans l’UE, la Pologne avait fondé en 1991, avec la Hongrie et la Tchécoslovaquie, le groupe de Visegrad, permettant d’adopter des positions communes afin d’obtenir un poids plus important au sein des décisions.
Sa vocation européenne est garantie en 1994 par sa demande d’adhésion, et ancrée définitivement par son entrée dans l’Union européenne le 1er mai 2004, faisant ainsi d’elle le 21ème pays membre de l’UE, lors de ce qu’on appelle le Grand Elargissement.
Aujourd’hui la Pologne est considérée comme le plus grand pays de l’Europe de l’Est, géographiquement et démographiquement. De plus, plusieurs institutions européennes ont promu des Polonais au sein de fonctions clés, notamment Jerzy Buzek, qui fut de 2009 à 2012 président du Parlement européen.
La Pologne et son identité politique
La Pologne est une République semi-présidentielle dans laquelle le président Andrzej Duda (conservateur et nationaliste), élu pour cinq ans au suffrage universel, dispose de pouvoirs étendus. C’est aussi une République parlementaire dirigée par le Premier ministre Donald Tusk (libéral-conservateur, pro-européen), chef du gouvernement polonais et ancien Président du Conseil européen.
Forte de son empreinte historique, de son engagement, la Pologne s’affirme comme un membre de l’UE à part entière qui renouvelle son dévouement en prenant place une seconde fois au premier rang du Conseil de l’Union européenne. Pour autant, cette tâche présidentielle s’accompagne de grandes responsabilités, il faut donc en comprendre son postulat de départ, pour connaitre les tenants et les aboutissants de cette future position au sommet de l’Union.
L’exercice de la présidence tournante
Le système des présidences tournantes remonte au début de l’intégration européenne. Cette nomination permet à chacun des Etats membres de prouver son faire-valoir politique pendant le mandat, mais aussi et avant tout d’œuvrer pour l’Europe.
Si la présidence ne dure que six mois, c’est à tour de rôle que 2 autres Etats marcheront dans les pas du précédent formant ainsi une étroite coopération appelée « trio ». De cette façon, la Pologne est liée, depuis son ancienne présidence du Conseil au deuxième semestre 2011, au Danemark et à Chypre (2012).
Cette formation en 3 fixe les objectifs à long terme définissant les axes prioritaires et les grandes questions qui seront traitées par le Conseil au cours d’une période de dix-huit mois. Pendant la présidence, les membres du gouvernement polonais auront pour tâche d’organiser la vie européenne.
La sécurité est programmée sur plusieurs dimensions :
La défense : Renforcer la coopération avec l’OTAN et les pays tiers partageant les mêmes idées, principalement les États-Unis, ainsi que le Royaume-Uni, la Corée du Sud et d’autres.
La protection des frontières et des personnes : Renforcer les capacités de l’UE et des États membres en matière de protection civile, et de lutte contre les réseaux de criminalité organisée.
La sécurité sanitaire : Transformation numérique des soins de santé, prévention des maladies…
La transition énergétique : La présidence polonaise encouragera des actions visant à un retrait total des importations de sources d’énergie russes afin de réduire la dépendance aux technologies importées.
L’agriculture : Avoir une politique agricole commune forte, lutter contre la concurrence déloyale et le surplus de règles agricoles…
Aspect pas du tout anodin, l’histoire du logo de la présidence polonaise du Conseil de l’Union européenne 2025, a une symbolique forte: le logo a été crée, comme en 2011, lors de la précédente présidence polonaise, par celui qui a donné un symbole au mouvement de Solidarité de 1980 : Jerzy janiszewski !
Les défis pour la Pologne ne sont pas sans incidence pour les années à venir, comme pour toutes les présidences qui ont précédé et qui précéderont celles de 2025, pour cause, la prise de fonction de Donald Trump à la tête des Etats Unis représente une enjeu diplomatique important pour Varsovie de plus la présidence polonaise marque le troisième anniversaire de l’agression de l’Ukraine par la Russie. « Organiser un sommet UE-Ukraine à cette occasion sera une bonne occasion de débattre de l’adhésion de ce pays à l’Union et de sa reconstruction après la guerre », dixit le président Andrzej Duda en ajoutant :« Le renforcement des relations transatlantiques constitue un élément déterminant de la sécurité militaire et énergétique européenne, mais aussi de notre développement économique. »
Conclusion :
La présidence incarne bien l’apport d’un investissement dans l’avenir européen mais aussi une occasion pour le pays de se démarquer par sa vision européenne, de confectionner, de consolider les accords pour œuvrer en harmonie pour une unité européenne.