« Bonne année »
Il faut un tempérament optimiste pour formuler de tels vœux en ce moment. Par exemple, lorsque l’on vit en région parisienne et que l’on est obligé, pour travailler, de se lever au milieu de la nuit pour se retrouver comme des sardines en boite, serré dans un hypothétique train de banlieue, surchargé. Et même scénario pour retrouver ses pénates le soir. Combien auront la force de surmonter longtemps leur fatigue !
On pourrait multiplier les sujets de préoccupation qui obscurcissent l’horizon des Français et des Européens : le Brexit dont il est encore impossible de mesurer les conséquences ; les incitatives intempestives du Président des Etats-Unis qui fait tout pour enflammer le Proche-Orient et au-delà ; la montée des nationalismes et du « chacun pour soi » partout dans le monde y compris en Europe etc.
Face à ces « chamboulements », la sagesse conduit sans doute à prendre du recul, à tenter de prendre du recul au-delà des difficultés de la vie quotidienne.
Oui, le monde aujourd’hui connait de très profonds changements. Pas seulement des changements technologiques comme l’introduction de la révolution numérique mais des changements philosophiques avec la prise de conscience de la fragilité de notre planète et de l’humanité tout entière.
Aujourd’hui cette prise de conscience rend finalement quelque peu dérisoires les questions, les discussions qui faisaient l’ordinaire de nos débats politiques traditionnels.
Allons-nous être « à la hauteur » ?
Rien n’est sûr, mais certaines prises de position font penser, que l’Europe pourrait, en ces moments très difficiles, jouer un grand rôle. Les débats qui ont eu lieu pendant la dernière campagne électorale en mai-juin 2019, les discours d’investiture notamment de la Présidente de la Commission Ursula Von der Leyen, l’accent mis sur le Green deal, le rôle confié à une personnalité de haut niveau, le Vice-Président Frans Timmermans et les valeurs humanistes qui sont les siennes, tout cela pourrait préfigurer une vraie prise de conscience et peut-être, une vraie révolution intellectuelle et spirituelle dont notre société et dont l’Europe ont tant besoin.
Evidemment rien n’est gagné car la tâche est absolument immense.
Nous avons derrière nous une période de deux siècles dominée par la volonté de produire toujours plus de biens sans trop nous préoccuper de l’état de la planète et de la pauvreté spirituelle de trop nombreux humains. Deux siècles où le matérialisme a dominé le monde avec son corollaire : l’argent, le pouvoir de l’argent.
Demain, peut-être, les priorités vont être différentes. Peut-être l’économie ne sera plus le but ultime de nos sociétés mais seulement, un instrument certes utile, parfois indispensable, mais au service de quelque chose de plus grand.
Evidemment ce seront des bouleversements gigantesques et profonds. Et, si j’ai un regret c’est d’être aujourd’hui trop âgée pour en être demain le témoin.
Pour l’instant on « patauge » un peu dans les contradictions et l’Europe a quelques difficultés à définir son rôle et ses responsabilités. Mais la page qui nous reste à écrire est vraiment stimulante et même passionnante…
Catherine Lalumière
Janvier 2020