20ème Anniversaire de l’Elargissement de 2004 : Quel bilan ?

20ème Anniversaire de l’Elargissement de 2004 : Quel bilan ?

 

 

L’année 2004 a représenté un tournant pour l’Union européenne, il s’agit de l’année du plus grand élargissement depuis sa création. Cette cinquième vague d’élargissement a permis à dix pays de rejoindre l’Union : Malte, Chypre, la Slovénie, la Hongrie, la Slovaquie, la République Tchèque, la Pologne, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie. La disparition progressive du bloc de l’Est a permis de réunifier en partie le continent européen. C’est lors du Conseil européen de Copenhague en décembre 2002 que les chefs d’Etats ou de gouvernements ont reconnu que les critères d’intégration étaient respectés. Le 1er mai 2004 ces dix pays font alors leur entrée dans l’Union européenne.

 

La présidente du Parlement européen, Roberta Metsola (depuis 2022) a déclaré que « si l’Europe a transformé chacun de ses États membres depuis 2004, chacun de ces États membres a également transformé l’Europe ». La Maltaise a ainsi partagé son sentiment sur cette intégration : entre espoir et renouveau pour des pays ayant une histoire riche et complexe, souvent lourde de plusieurs années d’occupations et de guerres.

 

En accord avec les principes gouvernant la création de l’UE, l’un des objectifs qui fut à la base de cet élargissement est d’effectuer un rapprochement entre les Etats afin de garantir la paix, la stabilité et la prospérité en Europe.

 

Qu’en est-il de l’équilibre institutionnel européen avec dix pays en plus ?

 

Il a d’abord fallu modifier l’organisation interne de la Commission. Les « grands Etats » (Royaume-Uni, Italie, Allemagne, France et Espagne) acceptèrent de ne proposer qu’un seul commissaire, contre deux auparavant, marquant une égalité entre les « grands » et les « petits » Etats. C’est alors que la règle d’un commissaire pour un Etat membre est apparue. Le Parlement aussi s’est ensuite vu légèrement modifié, passant de 626 à 732 membres. Néanmoins, les premières élections européennes du Parlement sont marquées par une forte abstention,  à « peine un électeur sur deux s’est déplacé en 2004 pour ce scrutin supposé illustrer la victoire de la démocratie ».

 

Les apports de l’intégration 

 

En tout état de cause, cette intégration a permis à plusieurs millions de nouveaux citoyens européens de pouvoir bénéficier de la liberté de circulation. Leurs économies se sont renforcées en même temps que leurs relations commerciales avec les pays de l’Union se sont développées. Les aides de l’UE ont facilité les reformes nationales et le chômage a baissé. En ce sens, si dans les années 2000 environ 25% de la population européenne habitait dans des pays pauvres, le pourcentage est aujourd’hui moins de 5%.

 

A mesure que la démocratisation s’installe, l’Etat de droit se consolide. Selon l’eurobaromètre de 2024, 72 % des Européens estiment que l’UE joue un rôle important dans le maintien de l’État de droit dans leur pays. Les citoyens croient en l’UE comme protectrice des structures démocratiques nationales. D’ailleurs, neuf pays sur dix ont ratifié le traité d’Athènes (traités d’adhésion de la 5éme vague d’élargissement de l’UE) par voie référendaire, c’est-à-dire que la population a directement voté pour l’intégration dans l’UE marquant une victoire significative de la démocratie participative à cette période.

 

Ce grand élargissement a affirmé encore un peu plus la position politique, économique et culturelle de l’Union européenne, bien que l’histoire de ces pays soit intimement marquée par le passage de systèmes autocratiques. A cet égard, Il a fallu développer l’économie de marché dans des économies nationales post-communistes en difficultés. Il s’agissait là d’un défi majeur aujourd’hui relevé. Si en moyenne le PIB de ces Etats représentait la moitié de celui des autres Etats au moment de leur adhésion, c’est aujourd’hui environ 80%.

 

Dans le même sens, en matière de démocratie, une rupture nette entre les anciens systèmes et les valeurs que prône l’UE s’effectuent, souvent même de manière complexe. La démocratie a été érigé en fer de lance par les représentants des Etats même si les moyens mis à la disposition des institutions pour la renforcer ne semblent pas à la hauteur de ce défi. Les inégalités persistent alors dans ces pays malgré les efforts post-intégration.

 

Il faut noter enfin qu’avec l’intégration de dix nouveaux pays, l’UE connaît un fort regain démographique. De 1957 à 2004, la population européenne a triplé. Néanmoins, d’un point de vue national, les dix nouveaux pays connaissent, au moment de l’intégration comme de nos jours encore, un déficit démographique, renforçant le vieillissement au sein de l’UE et accroissant le risque, à terme, d’un manque de puissance et de compétitivité.

 

20 ans plus tard, le rattrapage de ces dix pays est historique. Il s’agit d’un bel exemple qui prouve que l’UE est une machine de convergence.  Néanmoins, des pays peinent encore à trouver leur place dans cette union. Que ce soit en Pologne, en Slovaquie, en Hongrie ou en République tchèque, l’euroscepticisme prend de l’ampleur et les chefs d’Etat s’emploient à durcir le ton sur de nombreux dossiers.

 

*Hissage des drapeaux lors de la cérémonie du 1er mai 2024, pour le visuel de l’article.

Maison de l'Europe de Paris

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